Après tout les voyages, ce ne sont que des au revoir puis des retrouvailles, des retrouvailles puis des au revoir. Sans cesse avec tout, pour rien, avec tout le monde, avec personne. Pas uniquement les voyages d’ailleurs, mais juste la vie en mouvement. Les saisons, les jours de la semaine. Les disputes, les réconciliations. Ce ne sont que des boucles, des bonjours, des re-bonjour et à bientôt. Je regardais à travers le hublot…Je me disais qu’on pourrait être bien là, tous les deux, dans ces nuages onctueux, nos corps seraient légers et flottants, on n’aurait ni froid, ni faim. On se suffirait à nous-mêmes, en apesanteur, spectateurs d’un monde qui devient fou. J’étais persuadée que la vérité allait me déplaire...Je me protégeais parce que je voulais continuer à rêver, à m’évader, à rire pour rien, à rougir pour tout. Je voulais continuer à sentir mon cœur battre la chamade à chacun de tes messages, à chacun de tes appels nocturnes, de tes compliments précieux. Je pesais le pour, tu allégeais le contre. L’équilibre tanguait d’un côté puis de l’autre sans cesse, sans jamais se stabiliser. On dirait que cette balance était aussi tiraillée et confuse que moi. Le choix rationnel était devenu un luxe mais je planais déjà beaucoup trop haut pour pouvoir payer le prix cher. J’essayais donc de me fier à mon instinct. Un de mes meilleurs alliés … parfois un de mes pires ennemis. Mais là encore, c’était un long voyage dans des eaux troubles et je n’y voyais plus grand chose, ma lucidité s’étant noyée depuis longtemps. Souvent, je me demandais bien ce que tu pouvais me trouver. A part des yeux en amande et une peau un peu bronzée d’un début de mois de septembre, je n’avais pas l’impression d’avoir quelque chose d’intéressant à t’offrir. Tremblante et peureuse, je gardais en tête qu’il n’y aurait jamais de « nous ». Je traçais donc fermement une croix épaisse au marqueur rouge sur ton prénom. Un rouge qui symbolisait un signal d’alerte, une interdiction de s’emballer, une distance à garder au risque de m’enflammer toute entière, cœur et âme. Les turbulences me réveillent soudainement…